Lorsque j’étais enfant et que j’entendais hurler ma mère, mon sang se glaçait, j’avais peur. Comme on a peur du loup, comme on a peur du noir, j’avais peur même en plein jour.

La vie avait fait de moi un être chétif et craintif. Comme la brebis boitant au milieu du troupeau, qui aurait misé sur moi?

Sans rêve, sans projection aucune, jamais je n’aurais pu imaginer que 47 ans plus tard, je serais une femme épanouie, heureuse. Heureuse en amour, heureuse en ménage, heureuse professionnellement, une heureuse maman.

Fillette, j’ai passé des heures à essayer de comprendre le sens de la vie. Pourquoi j’étais là ? À quoi rimait cette succession de journées maussades et sans espoir ?

Accoudée au balcon de l’appartement familial, le regard tourné vers les palmiers dont les palmes flottaient gracieusement dans le vent, j’essayais de trouver le sens des choses qui m’entouraient… En vain.

Aujourd’hui je sais que je suis là pour vivre, respirer à plein poumon l’air de la liberté, l’air de la sérénité, l’air de l’épanouissement, l’air du bonheur et tout cela dans une joie parfaite.

Il est des jardins aux milles couleurs où l’herbe verte et grasse invite au repos. Il est des lacs où l’eau scintille sous les rayons du soleil où notre imagination se trouve sans limite. Il est des horizons si bleus que l’on souhaiterait s’y noyer. Toute la nature invite au bonheur, à la joie de vivre.

C’est de cela que je m’inspire aujourd’hui. C’est au creux des montagnes que j’irai trouver l’inspiration, au pied des mornes et des collines. C’est dans les bras de mon époux que je trouverais la sérénité, c’est dans les yeux de mes enfants que je trouverais ma légitimité.

Rien à jeter, ou tout peut-être. Ces choses de la vie qui ne sont que chimères et efforts inutiles. Ces réceptions où tout est futilité, ces relations stériles, ces accessoires de modes éphémères, ces coiffures apprêtées pour si peu de temps, toutes ces choses que l’on amasse en vain, il ne reste que les enfants et les rares aimants. Ceux qui sont arrivés sans crier gare. Ceux qui se sont immiscées dans mon cœur sans demander la permission. Ceux qui ont pris tant de place, révélant tant de sentiments que plus rien n’a de sens sans eux. Ces enfants qui m’ont enfin comprendre ce que signifie le verbe aimer.

Mes enfants, ma voie lactée.

De bébés merveilleux, ils sont tous devenus des adultes responsables, des personnes de qualité. Je suis fière d’eux.

Pour ma part, je n’ai aucun parent assez impliqué dans ma vie pour être fier de moi. Mais j’ai tout un univers d’amour qui prend sa source auprès de l’homme qui partage ma vie.

Lui, les enfants, mes amis, mes voisins ont suffi à panser les plaies d’une triste enfance.

Il a fallu des jours, des semaines, des mois, des années pour cicatriser ces innombrables blessures et bâtir ce qui aurait du évoluer spontanément durant mes jeunes années.

Mais le jeu en valait la chandelle.

Je me pardonne.

Je me pardonne le temps perdu, je me pardonne mes erreurs, je me pardonne mes manquements, mes retards, mes fautes, mes égarements. A moi désormais la bonté et la compassion envers moi-même. Et que dure cet état de plénitude atteint à la force des bras, à force de persévérance et de foi.

J’ai de la tendresse envers ceux qui ne me connaissent pas, même envers ceux qui ne m’aiment pas.

Je ne ressens ni haine, ni débordement de sentiments, juste une indifférence envers ceux que j’ai du contourner pour trouver mon moi.

Et je cours désormais, je vole vers l’accomplissement, dévorée par une soif de vie, un désir inassouvi de découverte, d’apprentissage, de passion, de joie.

Oui tout cela c’est moi. Aussi modestement, aussi humblement, aussi vrai que le sont le ciel, la lune et les étoiles, je dis et je démontre que je suis en vie, et que je veux vivre pleinement tous mes rêves . . .