Couverture du livre Orléans de Yann Moix

Couverture du livre Orléans de Yann Moix

Depuis sa sortie le 21 août dernier, un vent de scandale souffle sur Orléans le livre de Yann Moix. Dans cet ouvrage l’écrivain relate son enfance et accuse ses parents de maltraitance. Mais surtout il les accuse plus précisément de disproportions dans les corrections.

Orléans est un récit en deux parties. Elles racontent la même histoire sous deux angles littéraires différents.

Première partie du livre

Dans la première partie du livre, Monsieur Moix relate de la maternelle à sa première année d’études supérieures une succession de scènes d’humiliations et de violences que ses parents lui ont fait subir. Ainsi on y découvre un père brutal, un bourreau qui pousse l’horreur jusqu’à abandonner son fils en pleine forêt un matin d’hiver. Et une mère délatrice, complice parfois même sadique jouissant de la complaisance de certains enseignants, voisins ou amis de la famille.

Seconde partie

Pareillement la seconde partie raconte toujours la jeunesse de l’auteur mais en mettant l’accent sur sa vie d’écolier, de collégien, de lycéen toujours suivant la chronologie de ses années scolaires. Aussi il décrit son comportement à l’extérieur de chez lui.

Le roman s’ouvre sur des scènes terribles. Oui, le lecteur découvre les sévices que le narrateur subit pendant son enfance. C’est ainsi qu’aux insultes s’ajoute une volonté évidente : humilier l’enfant. Certains passages sont d’une violence presque insoutenable : battu, défenestré, traumatisé, Yann subit l’inconcevable.

Sur le plan littéraire

Un fil conducteur est présent dans les deux parties. Il s’agit de la littérature. L’usage de la langue, les subtilités de langage, la profondeur de la pensée, la construction rigoureuse des chapitres, la précision des mots : peu d’auteurs contemporains atteignent un tel niveau aujourd’hui. La plume est magnifique, exaltante, elle suscite des émotions profondes. Bien entendu on ne peut pas ne pas être sensible aux souffrances infligées à un enfant par son ascendance mal aimante.

La découverte de la lecture avec André Gide et Francis Ponge permet à l’enfant de s’épanouir en se découvrant une véritable passion. Passion qui construira l’auteur talentueux que nous pouvons apprécier aujourd’hui.

Polémique et arguments sur Orléans

Somme toute il est bien impossible de vérifier la véracité de l’ensemble des détails sordides de ce texte qui fait couler beaucoup d’encre et anime en ce moment les médias. On notera au passage que le père lui-même confesse une certaine violence dans les corrections. Quand au frère qui dément et accuse, on jugera sans difficulté ses mobiles. Et on remarquera que les camarades de classe et amis de Yann Moix confirment tous la maltraitance subie par ce dernier et la rudesse notoire des parents. Les pédiatres et psychiatres interrogés notamment dans « L’heure des Pros »ou « Morandini Live » qui interviennent dans les médias ne remettent pas en cause les descriptions de « faits qui ne sauraient être inventés » et expliquent le caractère emporté de l’écrivain et la pathétique déclaration du petit frère épargné par les parents.

En revanche, on ne peut pas enlever à Yann Moix la qualité de sa plume.

Ce livre est le second que je lis de cet auteur. Dans Rompre, comme dans Orléans, l’auteur fait preuve d’une grande lucidité envers ses parents. Cependant il le fait également envers lui-même n’embellissant aucun de ses comportements même les plus répréhensibles.

J’ai adoré l’ouvrage même si le sujet est douloureux et les sévices éprouvantes même à les lire. Le récit est poignant pourtant pas larmoyant.

Je félicite cet homme pour l’étendue de sa culture, l’étendue de sa résilience. Je félicite l’homme pour son courage et son humilité.

Quoi qu’il en soit, pour reprendre les mots de son éditeur Oliver NORA : « Chacun est légitime à clamer sa souffrance dans une famille pathogène. Et il ne suffit pas d’avoir souffert pour avoir du talent. Cependant il y en a un qui est devenu un grand écrivain, et c’est Yann Moix ».