
La matière de l’absence
Faire le deuil de sa mère
Bien que sa mère ne soit plus de ce monde depuis le 31 décembre 1999, Patrick CHAMOISEAU, perturbé par le poids de cette absence, se laisse aller à son sport favoris, l’écriture. Il écrit sur cette chère mère disparue, sur ses obsèques, et bien d’autres sujets à larges spectres explorés par les méandres de sa réflexion d’enfant des îles et plus particulièrement d’enfant de la Martinique, sa Madinina qu’il évoque dans le détail. Il mélange d’ailleurs les genres et mélanges aussi les origines, américaines, indiennes, caribéennes, les origines de l’humanité sommes toutes.
Est-ce pour cette raison et pour la diversité de ses comparaisons, de ses observations, de ses conclusions que l’ouvrage est classé comme un roman et non comme un récit autobiographique voire même un essai poétique ?
Tout au long du récit (qualifié par certaines critiques « d’ouvrage pour lecteur motivé » et je ne dirai pas le contraire) Patrick CHAMOISEAU se remémorera tantôt sa mère Man Ninotte mais aussi sa sœur aînée surnommée « la Baronne ».
On retrouve l’éloquence de Patrick CHAMOISEAU dans la façon dont il évoquera les marchés, les petits magasins, les déguisements du carnaval, et toutes ces choses qui ont, comme pour nous autres, marqués les enfances antillaises.
Le « roman » est émaillé de figures telles que : Aimé Césaire, Edouard Glissant, Marcus Garvey, icône du « nationalisme noir » aux Etats-Unis, Miles DAVIS, etc.…d’aussi riches évocations que celle de « la vie sans Fard » de Maryse CONDE qui nous avaient subjugué.
« Tout est à faire soi-même dans l’immense mise en Relation ».
Le prix Goncourt 1992 parsème l’ouvrage de questions qui le taraudent : quel sens donner à la mort de sa mère quand on est un écrivain créole américain né à la Martinique ?
L’ouvrage nous apporte la réponse en filigrane.
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