corneille-la-ou-le-soleil-disparaitLe chanteur Corneille a publié en octobre dernier le récit bouleversant de l’horreur qu’il a vécu pendant le génocide rwandais. Il ose revenir sur «le miracle de sa survie» et nous confie les détails de l’impact d’une telle souffrance à produit sur sa jeune personne.

Corneilius, alias Corneille, dialogue avec son défunt père dés le début de l’ouvrage. Cela peut plaire, paraître étrange, tout dépend de notre sensibilité. Dans tous les cas, Corneille nous livre dans un livre témoignage fort l’histoire de sa vie.

«Je disais que tout allait bien, j’étais devenu le symbole de la résilience, mais c’était presque une imposture. C’était plus simple». Le chanteur québécois raconte cette nuit tragique du 15 avril 1994. «Quand ma mère m’a réveillé, toute ma famille était dans le salon, avec ces hommes armés, et on me demande de m’asseoir. Là, ces hommes commencent à tirer», se souvient-il. Il a alors le réflexe de sauter par-dessus le canapé, il sera le seul survivant. «J’ai perdu mon père, ma mère, mes deux frères, ma petite sœur. Perdre le tout en une nuit, c’est mourir un petit peu», dit-il. Entendre partir le souffle de vie de sa petite sœur bien-aimée, comment oublier ce bruit, puis ce ressenti terrible ?

Sous le choc, le jeune Corneille retourne se coucher, comme pour exorciser ce mauvais rêve. Hélas, au réveil, la scène de cauchemar est plus réelle que jamais !

Corneille nous livre tout, jusqu’à l’agression sexuelle dont il a été victime par sa tante alors qu’il n’avait que 6 ans. Il explique que chanter 6mn par chanson, cela ne suffisait plus alors il à fallu un livre.

On découvre avec bonheur que la générosité et l’amour inconditionnel existe encore. Corneille va être pris en charge par des amis de son père, il va être aimé et choyé comme un fils. Mais la mémoire est indomptable. Toute la vie du chanteur est ponctuée par les souvenirs de ses chers disparus, le souvenir du drame et de l’obligation de vite abandonner sa famille pour assurer sa survie.

Le récit se poursuit avec les détails de l’exode, l’accueil européen, les débuts musicaux, le canada, et la rencontre avec son épouse.

Mila la petite fille de Corneille naît le 19 décembre, c’est la date exacte de l’anniversaire de naissance de Christian son petit frère disparu, un clin d’œil à la vie? …

Plus tard grâce à son épouse Sofia De Medeiros, mannequin et comédienne luso-canadienne, il commence à prendre du recul sur cette douloureuse partie de sa vie. Il suit également une psychothérapie durant de longs mois. Il raconte sa rencontre avec celle qui deviendra la mère de ses enfants. «Pour la première fois, le récit de ma vie ne m’a pas placé dans la marge habituellement inaccessible des rescapés de génocide à la géographie exotique. Elle a reçu ma vie comme celle d’un homme, au parcours atypique, certes, mais un homme. Ni star, ni messie, ni orphelin, ni victime, ni survivant. Un homme simplement», écrit-il dans son autobiographie.

La musique, un héritage familial, une culture transmise par son père, lui a, certes, permis d’extérioriser ses souffrances. Cet art qu’il cultive depuis, c’est un hommage à son père, celui qui lui confia petit: «Quand tu chantes dans ta voix il y a un grain qui me rappelle Tracy Chapman.» Corneille se souvient d’un «moment déterminant». Un message qui le suivra toute sa vie.

Tendre, touchant, digne, cet ouvrage vaut le détour.

Je retiens cette jolie phrase que l’on trouve en fin de préambule : « L’écriture de mon histoire m’a mené à conclure que je devais le meilleur de ma vie au pire de mon existence ».

Tout est dit !